MALTE WOYDT

HOME:    PRIVATHOME:    LESE- UND NOTIZBUCH

ANGE
BOTE
BEL
GIEN
ÜBER
MICH
FRA
GEN
LESE
BUCH
GALE
RIE
PAM
PHLETE
SCHAER
BEEK
GENEA
LOGIE

Nuit debout

“… Bref : qui peut se représenter ses intérêts particuliers comme les intérêts du ‘‘peuple’ ? Ce sont évidemment ceux que l’on retrouve sur les places : les individus de la petite bourgeoisie blanche urbaine appartenant souvent à la fonction publique ou aux milieux culturels et étudiants. Ces individus, très situés dans le monde social, incarnent la norme abstraite sur laquelle la citoyenneté républicaine est construite. Ils sont donc prédisposés à se voir comme exprimant  ‘la’ citoyenneté et  ‘la’ république. Lorsqu’ils font quelque chose, c’est pour eux ‘le peuple’ qui fait quelque chose. Lorsqu’ils se rassemblent, ce n’est pas un groupe spécifique qui se rassemble : c’est le ‘commun’ qui émerge… C’est ce qui explique pourquoi le mouvement s’est fondé sur l’idée irresponsable selon laquelle il ne fallait rien revendiquer ou que revendiquer c’était se soumettre. On pourrait presque se risquer à dire que font partie de ce mouvement des gens qui n’ont rien à revendiquer parce qu’ils ne manquent de rien, et qui n’ont donc rien à demander si ce n’est ‘la fin du système‘.

Une scène politique organisée autour des catégories de ‘commun’, de ‘République sociale’, de ‘souveraineté populaire’ ne peut pas ne pas produire l’exclusion de celles et ceux qui ne peuvent à l’inverse que se penser comme membre d’un groupe particulier : les ouvriers, les chômeurs, les paysans, les précaires, les noirs, les arabes, les musulmans, les juifs, les gays et lesbiennes, les prisonniers, les sans-papiers, etc. Car lorsqu’ils se mobilisent, ces individus qui vivent ces expériences d’oppression veulent affirmer un intérêt particulier, revendiquer quelque chose, dire que quelque chose ne va pas. Ils ne veulent pas créer du commun mais fracturer le monde. …

D’où les scènes d’incompréhension que l’on a observé entre la Nuit debout et les quartiers nord de Marseille, ou entre nuit debout et les syndicats. …”

aus: Geoffroy de Lagasnerie: D’Occupy à Nuit Debout : l’inconscient politique du mouvement des places. Le Monde 28.4.16 und auf dem Blog des Autors.

07/16

04/07/2016 (21:22) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Comments are closed.