To do list 2025
“Un dernier avant de débrancher quelques jours :
À l’heure où l’illibéralisme s’installe un peu partout, le temps n’est pas seulement à la résistance, mais à la préparation de la suite. Car résister ne suffit plus. S’indigner, dénoncer, n’a de sens que si cela s’inscrit dans une dynamique de projection : que propose-t-on pour l’après ? Comment redessiner un horizon commun capable de contrecarrer les pulsions autoritaires, le repli identitaire, la brutalisation des rapports sociaux et politiques qui caractérisent notre époque ?
L’illibéralisme prospère sur le vide laissé par l’impuissance des forces progressistes à transformer les promesses de liberté, d’égalité et de justice en réalités tangibles.. C’est pourquoi l’alternative ne peut être un simple retour à l’état antérieur. Il ne s’agit pas de restaurer, mais de repenser en profondeur les fondements de nos démocraties.
Préparer la suite, c’est reconnaître que les réponses technocratiques, managériales, ou moralistes sont inopérantes face à des forces politiques qui revendiquent ouvertement leur mépris pour les contre-pouvoirs, les minorités, la presse libre et l’État de droit. Il faut mettre la question démocratique au coeur de l’action politique, non comme un garde-fou, mais comme un projet mobilisateur, capable d’articuler justice sociale, écologie, émancipation individuelle et puissance collective.
Cela implique de réhabiliter la conflictualité politique, non pas la haine ou la division, mais le débat structurant sur les fins, les moyens et les priorités. Cela suppose de rompre avec l’illusion du consensus permanent, qui a trop souvent servi à neutraliser les oppositions légitimes, et à disqualifier toute remise en cause de l’ordre établi.
Préparer la suite, c’est aussi reconstruire des récits partagés, capables de donner sens à l’action collective. Cela ne se fera pas sans culture, sans éducation, sans art : sans tout ce qui donne à une société la capacité de se raconter autrement que par la peur ou la nostalgie.
Enfin, il nous faut réinvestir l’espace public, non seulement dans sa dimension institutionnelle, mais aussi dans ses expressions populaires, locales, numériques. L’illibéralisme gagne du terrain parce qu’il capte les affects, les colères, les désillusions ; il faut donc une politique qui parle à ces affects sans les manipuler, qui transforme les colères en puissance d’agir, les désillusions en projets concrets.
Les temps sont graves, mais les brêches existent, les résistances s’organisent, les idées circulent. Préparer la suite, c’est croire encore, et surtout agir dès maintenant, pour que la démocratie ne soit pas simplement défendue, mais réinventée.
aus: Zakia Khattabi Abtoy, Facebook, 31.7.25, im Internet.
07/25
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