MALTE WOYDT

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Double nationalité

Réponse à la question pourquoi ça poserait problème d’enlever une nationalité à quelqu’un qui en a deux:

“Déposséder quelqu’un de sa nationalité n’est de toute façon pas une forme de dialogue, mais de fin de dialogue. C’était en Allemagne, en 1933, qu’on a commencé de déposséder des gens qu’on trouvait “différent”, “pas assez intégré”, “pas intégrable” de leur nationalité. Pour moi, comme Allemand, cette invention nazi reste une mesure d’extrême-droite, désolé.

Du droit international, la double-nationalité ne joue que dans les pays tiers. Dans et pour un pays dont on a la nationalité on est uniquement un ressortissant de ce pays. Seulement dans les pays tiers, on peut choisir quelle nationalité à utiliser. Je ne vois pas de problèmes connectés à ca?

Je ne vois pas de lien entre la possession d’une deuxième nationalité et si quelqu’un est capable de vivre en paix avec ses voisins et ses concitoyens. Je me souviens par exemple d’un monsieur qui tuait un couple des voisins dans la Rue Vanderlinden avant de mettre du feu à la maison…

Pour l’anecdote, la Belgique était fondée par quelqu’un qui était aussi bien Français que Néerlandais (M. Rogier) et ensuite on s’invitait quelqu’un de la nationalité du minuscule pays de Saxe-Cobourg-Gotha, naturalisé russe, naturalisé britannique, presque naturalisé grecque, mais finalement naturalisé belge. Est-ce que quelqu’un sait si ce monsieur avait abandonné ses autres nationalités?”

commentaire sur www.parlemento.com

Réponse à la question pourquoi il y’aurait intérêt de l’avoir:

“Il y a (1) des raisons pratiques et des (2) raisons émotionnelles.

(1) il y a souvent des formalités et restrictions administratives très lourdes pour des étrangers, la vie devient souvent plus facile si on a la nationalité du pays dans lequel on vit. D’autre part, abandonner l’ancienne nationalité peut créer des problèmes, si on a encore de la famille, des terres etc. là bas. Il y a des pays qui font une différence pour les héritages par exemple.

(2) Si vous avez des parents de différentes nationalités ou vous vivez entre deux pays ou vous émigrez, vous allez toujours vous sentir liés à deux pays. Pourquoi forcer des gens de faire des choix douloureux (pour vous ou pour vos parents)?

C’est assez improbable aujourd’hui de voir la Belgique en guerre ouverte avec un des pays d’où viennent la plupart des immigrés… Sinon, le problème va toute d’abord se présenter pour les gens concernées eux-mêmes, et garder deux nationalités ou abandonner une, ne va pas beaucoup changer pour eux: de toute façon, dans les deux pays, on va vous suspecter de travailler pour l’ennemie. Les Américains d’origine japonaise étaient internés pendant la deuxième guerre mondiale en États-Unis, même des gens qui ne savaient même plus parler le japonais …”

commentaire sur www.parlemento.com

07/09

03/08/2009 (10:52) Schlagworte: FR,Notizbuch ::

Amis

“Mes parents avaient des amis. C’étaient des gens qu’ils voyaient pour boire ensemble des alcools de toutes les couleurs. Comme s’ils ne pouvaient pas les boire sans eux !

A part ça, les amis servaient à parler et à écouter. On leur racontait des histoires dénuées de signification, ils riaent très fort et en racontaient d’autres. Et puis ils mangeaient.

Parfois, les amis dansaient. C’était un spectacle consternant.

Bref, les amis étaient une espèce de gens que l’on rencontrait pour se livrer en leur compagnie à des comportements absurdes, voire grotesques, ou alors pour s’adonner à des activités normales mais auxquelles ils n’étaient pas nécessaires.

Avoir des amis était un signe de dégénérescence.”

aus: Amélie Nothomb: Le sabotage amoureux, Paris: Michel 1993, S.37.

01/09

03/01/2009 (21:09) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Raison d’être

“Le jour de l’envol.

Au Brésil, des gens souvent d’origine modeste travaillent et investissent parfois pendant trois années entières dans la construction d’un ballon en papier qui peut atteindre jusqu’à 60 mètres de haut. Il est peint et décoré de ses plus belles couleurs quand il s’envole le jour, et emporte des dizaines de luminaires et de bougies pour un voyage nocturne.
Le feu et le papier réunis dans l’envol du ballon.
Le travail de longue halaine et la magie de l’instant.
Trois ans pour vingt minutes.

Ils regardent le ballon s’enfoncer dans le ciel. Vingt minutes.
Seulement vingt minutes.
Et il disparaît dans la nuit, ou derrière la colline.
Vivre maintenant, l’instant.
Plus personne ne le verra ensuite.
ne plus parler, regarder, écouter. Retenir son souffle, respirer. Crier.
Tout le monde le croit: il fera le tour du monde.

A peine le ballon envolé, ils se remettent au travail pour le suivant, imaginent les plans les plus fous, les formes et les tailles les plus osées, distribuent les tâches et investissent le temps pour construire ensemble vingt minutes de rêve et de vent. Et cette liberté n’a pas de prix.

Les “baloieros”, constructeurs de ballon, vivent de l’envol futur du ballon, s’incarnent en lui, défient les lois de l’apesanteur, et partent avec lui, en emportant tous ceux qui le désirent…

Une bouteille à la mer, mais dans le ciel. …”

aus: Olivier Thomas: Le jour de l’envol. Tract accompagnateur pour le spectacle du même titre, Théâtre Balsamine, Schaerbeek, décembre 2007.

12/07

08/12/2007 (1:13) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Antifascisme

(DE; NL)

“Incontestablement, j’étais contre Hitler – dès le début et sans réserves du genre psychologique, pacifiste ou diaboliquement paradoxal. … C’est déjà ça, un argument qui parle pour mon instinct moral et ma capacité de juger la politique. Mais ce n’est pas assez.

Oui, peut-être c’est juste ce manque total de contact avec la mentalité nazi qui le me rendait difficile ou impossible de combattre cette mentalité même. … On ne combat pas – ou au moins pas avec toutes ces forces – ce qu’on méprise. Est-ce que ça vaut la peine de réfuter das absurdités évidentes ? On se contente de lever les épaules d’une manière dégoutée.

Ces nazis, je ne les comprenais pas. Leurs journaux … auraient pu paraître en langue chinoise : Je n’en comprenais pas un mot. … Peut-être faillait-il avoir abandonné la raison complétement et à toujours pour être initié dans les mystères de l’âme nazie et de leur langage ? …

J’étais angoissé, mais pas assez angoissé – juste parce que je ne voulais pas comprendre que la majorité de mes concitoyens avait tué la raison en eux depuis longtemps. … On veut croire à l’impossibilité des choses pareilles le plus longtemps possible. … Il ne me rentrait pas dans la tête que la plupart des Allemands voyaient vraiment un grand homme en Hitler, même le messie. Celui-là et grand ? Il suffisait de le regarder ! … J’avais plusieurs fois l’occasion d’étudier sa physionomie. Une fois de tout près, pour une demi-heure, … 1932, [au] salon de thé Carlton à Munique. Là, il était assis et goutait une tartelette aux fraises. Je me suis installé à la table à côté, à un mètre de distance. Il avalait encore une tartelette aux fraises avec crème chantilly …; et encore une troisième – si ce n’était pas déjà la quatrième. J’aime manger des sucreries moi-même, mais l’image de sa gourmandise mi-infantile, mi-rapace, m’enlevait l’appétit. …

Ces allemands, je ne les comprenais pas. … Malgré toute admiration pour les grands faits de l’esprit allemand, malgré toute sympathie pour certains traits et capacités du caractère allemand, je ne pouvais pas m’en enthousiasmer de la nation, de la façon dans laquelle elle s’était développée et elle allait sûrement continuer de se développer. Je ne me sentais pas adhérant à cette nation….

Est-ce que les représentants de ce nationalisme – les nazis et leurs amis – est-ce qu’ils n’avaient pas raison de traiter mon genre “déraciné” ? Je n’avais pas des racines, je n’en voulais pas …”

Klaus Mann: Der Wendepunkt. o.O.: Fischer 1952 (version originale anglophone 1942), S.268-272, ma propre traduction vers le français)

Abb.: John Heartfield: Mit seinen Phrasen will er die Welt vergasen, Arbeiter-Illustrierte Zeitung, 1933, im Internet.

22/10/2007 (13:16) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Exportation d’armes

(DE)

… et on les entend à nouveau ces égoistes qui vivent de la mort. Il fut un jour, tout le monde était choqué sur un certain M. Dutroux. Mais ce monsieur n’a même pas tué plus qu’une dizaine des enfants. Ridicule. Ces âmes soeur à la FN font mieux – ils vivent de la mort des milliers d’enfants, au Nepal et ailleurs. Restez cohérent chers amis! Soit vous exportez des armes dans les grands conflits du monde et vous mettez M.Dutroux en liberté toute suite – soit vous arrêtez les deux. Moi, je m’en fiche de votre emploi à Herstal, comme je m’en fiche de l’emploi de M. Nihoul ou Mme. Martin. D’abord la vie, après l’emploi.

Malte Woydt, à l’occasion du débat sur l’exportation de 5500 mitrailleuses de la FN en Népal.

08/02

09/10/2007 (10:03) Schlagworte: FR,Notizbuch ::

Publicitaires

(DE)

“Un publicitaire, c’est un salaud qui vend de la merde aux pauvres en les prenant pour des cons et qui appelle ça être créatif.”

aus: Jan Bucquoy: Camping Cosmos, zitiert bei Claude Semal: Pour en finir avec. Bruxelles: Luc Pire 1997, S.51.

05/06

09/10/2007 (9:53) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Touristes et anti-touristes

“En accédant au loisir les ouvriers frustraient la classe bourgeoise de ce qui était bien plus encore qu’un privilège: un critère de distinction. … Entre l’élite et la multitude, ce n’était plus les plages de sable fin qui faisaient la différence, c’était la manière de s’y asseoir et de s’y comporter. …

L’autre, l’inférieur, l’amorphe, la règle, dont je suis l’exception, c’est maintenant le touriste. … S’il n’avait pas les touristes, ces lourds animaux grégaires, que saurais-je de ma propre singularité, quel prestige pourrais-je tirer de mes voyages? Pas d’aventurier possible sans imbécile heureux en bermuda à fleurs. …

Mais Monsieur Tout-le-Monde n’existe pas; cette histoire de ‘campeur aliéné’ est un mythe élitaire: si les gens vont à Saint-Tropez retrouver annuellement le chaos, la cohue et l’odeur de friture, c’est qu’ils ont choisi ce dépaysement extrême: la ville moins les murs, une cité horizontale, brouillonne, grouillante, une vie urbaine à nouveau douée d’urbanité. … Le chez-soi estival est un domicile sans cloison, un intérieur précaire et paradoxal puisqu’il sépare à peine le monde intime de l’extériorité. …

Le Robinson écolo fait la leçon au campeur ordinaire, et pourtant … c’est sous couleur de fuir les trépidations urbaines faire oeuvre le locataire modèle, et intérioriser jusqu’au délire l’injonction moderne du chacun-chez-soi. … les maisons contemporaines sont conçues dans la pensée d’éviter toute occasion de rencontre entre foyers contigus. … Les adeptes de la solitude estivale sont tellement bien dressés à la discipline de l’hygiène que la promiscuité pour eux ne peut jamais être un choix. Tel est cependant le cas de ces vacances anti-intimes où réapparaissent des actes, des manières de sentir, toute une pratique oubliée du voisinage.”

aus: Bruckner, Pascal / Finkielkraut, Alain: Au coin de la rue, l’aventure. Paris: Seuil 1979, S.38-41.

Abb.: Edgar Calel: Me venden, Teil einer Serie, 2016, im Internet.

10/04

09/10/2007 (9:48) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Surréalisme

“Si l’Italie a eu son compromis historique, la Belgique a tout un historique du compromis. … le consensus … est fondé sur la suspension du débat et non sur son exacerbation. …

L’absence-de-débat-d’idées, tarte à la créme des observateurs de la vie intellectuelle belge, n’est donc ni une essence ni une malédiction : elle est le sous-produit de la consensualité molle, qui est elle-même la conséquence de l’immobilisme forcé. …

De sorte que la Belgique n’est pas un pays surréaliste, comme on le dit un peu facilement : c’est un pays pataphysique (‘Le principe de l’équivalence universelle et de la conversion des contraintes réduit l’univers considéré dans sa réalité pataphysique à des cas uniquement particuliers’) …

Règne donc ici ce que l’on pourrait nommer un façadisme généralisé. Du génie se déploie pour créer des objets qui ne sont pas ce qu’ils disent être, ou qui l’ont été mais ne le sont plus, ou qui sont seulement en puissance de l’être un jour. …

l’autodérision est un dogme national. Malheur à qui tournerait en dérision cette autodérision ! Il y a des vérités d’Évangile avec lesquelles on ne rigole pas. On peut bien rire d’un ministre, d’un artiste, et même du drapeau, mais pas du génie de l’autocritique.

Ce dogme tient en trois certitudes : 1) la Belgique est le paradis de l’autocritique ; 2) la Belgique est un pays surréaliste ; 3) la Belgique est le pays le plus imaginaire au monde. …

Effleurer une idole est impensable. Essayez un peu de toucher à Hergé ! À Simenon … ! À Brel ! Non, les veuves belges ne sont pas surréalistes. …

Qualifier le pays de surréaliste, ou d’auto-ironique, ou d’imaginaire, est donc une pirouette : L’ironie est le cache-sexe de la bonne conscience repue. …

Il n’y a rien de plus subtil que d’exprimer sa complaisance par la revendication de sa propre médiocrité. … (l’Américain : ‘Nous sommes si bons !’ ; le Français : ‘Nous sommes si spirituels !’ … le Belge : ‘Nous sommes si peu complaisants avec nous-mêmes’ !)

Signe donc d’une grande subtilité. Mais l’essouflement guette, quand faire semblant de se critiquer est l’activité qui occupe tout l’espace dévolu à la critique.”

aus: Jean-Marie Klingenberg: Petits mythologiques belges., Bruxelles: Labor 2003, S. 66-72

Abb.: James Ensor: Le Roi peste, 1895.

09/05

09/10/2007 (9:45) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Études

(DE)

“En France, on étudit les hommes ; en Allemagne, les livres.”

aus: Mme. de Stael: De l’Allemagne. Bd.1, Paris: Garnier-Flammarion 1968, S.117 (Originalausgabe 1813)

Abb.: Wang Qingsong: Follow you, 2013, im Internet.

08/05

09/10/2007 (9:42) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Stress

“Hommes sans qualités, notre fatigue elle-même nous échappe, s’inscrit dans notre corps sans s’offrir à notre mémoire. Nous avons … pour cette usure indécise, un nom d’importation récente, tout pimpant encore de scientificité : le stress. …

Soucis professionnels, anomie de la solitude, anxiétés familiales, dureté silencieuse des rapports de rue, transports éreintants : nos désarrois de tous les jours nous mettent dans un état de tension sans intensité; ce sont des dommages irréparables, une violence à la fois familière et diffuse qui se confond avec l’air qu’on respire, qui reste en deçà du symptôme, et dont on ne peut même pas tirer de récit. …

Nous sommes désormais en mesure de nommer cette détresse brumeuse, mais pas d’échapper à son imprécision. …

Nous n’avons pas affaire à un adversaire singulier, mais à mille désagrements indistincts, auxquels notre corps réagit tout seul sans parfois même que nous nous en redions compte. … nous sommes harassés, et en même temps rien ne nous arrive. …

Parler du stress, ce n’est pas seulement céder à une mode terminologique, c’est aussi un signe parmi d’autres d’un nouveau rapport à la quotidienneté … Sous l’appelation péjorative de stress, la langue familière exprime et chiffre les coûts du quotidien, toutes les perturbations irréparables qu’il provoque. …
Chaque jour, semble s’accroître le nombre … de ceux qui refusent de se sacrifier à leur propre survie. … Les nouveau réfractaires devancent l’épuisement pour mieux s’y soustraire, et miment les conséquences du stress afin d’échapper à ses effets …”

aus: Bruckner, Pascal / Finkielkraut, Alain: Au coin de la rue, l’aventure. Paris: Seuil 1979, S.166-170.

10/04

08/10/2007 (22:15) Schlagworte: FR,Lesebuch ::
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