MALTE WOYDT

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Jeunisme

“Les Jeunes: ce peuple est d’apparition récente. Avant l’école, il n’existait pas. … Avec la scolarisation de masse, l’adolescence elle-même a cessé d’être un privilège bourgeois pour devenir une condition universelle. …

Fondée sur les mots, la culture au sens classique a le double inconvénient de vieillir les individus en les dotant d’une mémoire qui excède celle de leur propre biographie, et de les isoler, en les condamnant à dire ‘Je‘, c’est-à-dire à exister en tant que personnes distinctes. Par la destruction du langage, la musique rock conjure cette double malédiction: les guitares abolissent la mémoire; la chaleur fusionnelle remplace la conversation, cette mise en rapport des êtres séparés; extatiquement, le ‘je‘ se dissout dans le Jeune.

Cette régression serait parfaitement inoffensive, si le Jeune n’était maintenant partout. … De nos jours, la jeunesse constitue l’impératif catégorique de toutes les générations. … Ce ne sont plus les adolescents qui, pour échapper au monde, se réfugient dans leur identité collective, c’est le monde qui court éperdument après l’adolescence. … ce qu’on appelle aujourd’hui communication, l’atteste: l’hémisphère non verbal a fini par l’emporter, le clip a eu raison de la conversation, la société est ‘enfin devenu adolescente’.”

aus: Alain Finkielkraut: La défaite de la pensée. Paris: Folio 1991 (Orig.-Ausg. 1987), S.172-179.

Abb.: Kinez Riza: In The Woods is Perpetual Youth, 2015, indoartnow, im Internet.

08/13

24/08/2013 (15:14) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Autonomie

“Que veut la pensée postmoderne? La même chose que les Lumières: rendre l’homme indépendant, le traiter en grande personne. … À cette nuance près que la culture n’est plus considérée comme l’instrument de l’émancipation, mais comme l’une des instances tutélaires qui lui font obstacle. …

La démocratie qui impliquait l’accès de tous à la culture se définit désormais par le droit de chacun à la culture de son choix (ou à nommer culture sa pulsion du moment). ‘Laissez-moi faire de moi ce que je veux’: aucune autorité transcendante, historique ou simplement majoritaire ne peut infléchir les préférences du sujet post-moderne ou régenter ses comportements. …

Une telle réhabilitation de l’individualisme occidental méritait d’être applaudie sans réserve, si, dans sa rage antidépréciative, elle ne confondait l’égoïsme … avec l’autonomie. … la disparition des contraintes sociales héritées du passé ne suffit pas à assurer la liberté de l’esprit. … Le despotisme a été vaincu, mais pas l’obscurantisme … Or, a moment même où la technique, par télévision et par ordinateurs interposés, semble pouvoir faire entrer tous les savoirs dans tous les foyers, la logique de la consommation détruit la culture … C’est désormais le principe de plaisir – forme postmoderne de l’intérêt particulier – qui régit la vie spirituelle. Il ne s’agit plus de constituer les hommes en sujets autonomes, il s’agit de satisfaire leurs envies immédiates, de les divertir au moindre coût. …

La liberté est impossible à l’ignorant. Ainsi, du moins, pensaient les philosophes des Lumières. On ne nait pas individu, disaient-ils, on le devient, en surmontant le désordre des appétits, l’étroitesse de l’intérêt particulier, et la tyrannie des idées reçues. Dans la logique de la consommation, au contraire, la liberté et la culture se définissent par la satisfaction des besoins.”

aus: Alain Finkielkraut: La défaite de la pensée. Paris: Folio 1991 (Orig,-Ausg. 1987), S. 156-169.

Abb.: Andrés Jaque / Office for Political Innovation : Superpowers of ten, act 3, scene 7, 2013-15, im Internet.

08/13

24/08/2013 (14:55) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Multiculturalismes 1

“L’alternative … est simple: ou les hommes ont des droits, ou ils ont une livrée, ou bien ils peuvent légitimement se libérer d’une oppression même et surtout si leurs ancêtres en subissant déjà le joug, ou bien c’est leur culture qui a le dernier mot. et comme dit Marx, le serf fouetté par le knout doit impérativement ravaler ses cris de rébellion et de souffrance, ‘dès l’instant que ce knout est un knout chargé d’années, héréditaire et historique.’

De nos jours, cette opposition s’est brouillée: les partisans de la société multiculturelle réclament pour tous les hommes le droit à la livrée. …

C’est aux dépens de sa culture que l’individu européen a conquis, une à une, toutes ses libertés, c’est enfin, et plus généralement, la critique de la tradition qui constitue le fondement spirituel de l’Europe, mais cela, la philosophie de la décolonisation nous l’a fait oublier en nous persuadant que l’individu n’est rien de plus qu’un phénomène culturel. … À l’épreuve de l’Autre, la mise en question de l’être pas l’esprit est devenue le signe distinctif d’un être particulier, d’une ethnie bien précise; … la révolte contre la tradition s’est transformée en coutume européenne. …

Les héritiers du tiers-mondialisme ne sont pas seuls à préconiser la transformation des nations européennes en sociétés multiculturelles. Les prophètes de la postmodernité affichent aujourd’hui le même idéal. Mais … s’éclater est le mot d’ordre de ce nouvel hédonisme … Ils prônent moins le droit à la différence que le métissage généralisé, le droit de chacun à la spécificité de l’autre. Multiculturel signifiant pour eux abondamment garni, ce ne sont pas les cultures en tant que telles qu’ils apprécient, mais leur version édulcorée, la part d’elles-mêmes qu’ils peuvent tester, savourer et jeter après usage. …

‘Toutes les cultures sont également légitimes et tout est culturel’, affirment à l’unisson les enfants gâtés de la société de l’abondance et les détracteurs de l’Occident. Et ce langage commun abrite deux programmes rigoureusement antinomiques.”

aus: Alain Finkielkraut: La défaite de la pensée. Paris: Folio 1991 (Orig,-Ausg. 1987), S.142-150.

08/13

24/08/2013 (13:40) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Relativisme culturel

“De peur de faire violence aux immigrés, on les confond avec la livrée que leur a taillée l’histoire. Pour leur permette de vivre comme cela leur convient, on se refuse à les protéger contre les méfaits ou les abus éventuels de la tradition dont ils relèvent. Afin d’atténuer la brutalité du déracinement, on les remet, pieds et poings liés, à la discrétion de leur communauté, et l’on en arrive ainsi à limiter aux hommes d’Occident la sphère d’application des droits de l’homme, tout en croyant élargir ces droits, jusqu’à y insérer la faculté laissé à chacun de vivre dans sa culture. Né du combat pour l’émancipation des peuples, le relativisme débouche sur l’éloge de la servitude.”

aus: Alain Finkielkraut: La défaite de la pensée. Paris: Folio 1990 (Orig.-Ausg. 1987), S.145.

08/13

22/08/2013 (23:16) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Racisme 2

“Le mot racisme, en effet, est trompeur: il réunit sous un label unique deux comportements dont la genèse, la logique et les motivations sont complètement dissemblables. Le premier situe sur une même échelle de valeurs l’ensemble des nations qui peuplent la terre; le second proclame l’incommensurabilité des manières d’être; le premier hiérarchise les mentalités, le second pulvérise l’unité du genre humain; le premier convertit toute différence en infériorité, le second affirme le caractère absolu, indépassable, inconvertible des différences; le premier classe, le second sépare; pour le premier, on ne peut pas être persan, aux yeux du second, l’on ne peut pas être homme, car il n’y a pas entre Persan et l’Européen de commune mesure humaine; le premier déclare que la civilisation est une, le seconde que les ethnies sont multiples et incomparables. Si le colonialisme est bien l’aboutissement du premier, le second culmine dans l’hitlérisme. …

Sans doute le concept de race a-t-il été ruiné par les travaux convergents des sciences sociales et des sciences naturelles. … l’argument biologique est désormais sans pertinence. … Cette théorie s’est effondrée. Mais où est le progrès? Comme les chantres anciens de la race, les fanatiques actuels de l’identité culturelle consignent les individus dans leur appartenance. Comme eux, ils portent les différences à l’absolu, et détruisent, au nom de la multiplicité des causalités particulières, toute communauté de nature ou de culture entre les hommes.”

aus: Alain Finkielkraut: La défaite de la pensée. Paris: Folio 1991 (Orig.-Ausg. 1987), S.106-109.

Abb.: Agus Triyanto BR: We are what we are #2, 2015, indoartnow, im Internet.

08/13

22/08/2013 (20:43) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Néo-belgitude

“De nombreux intellectuels et artistes flamands éprouvent une certaine méfiance envers une Flandre plus autonome, ressentie comme bornée et culturellement étriquée. En réaction, ces intellectuels … réinventent la Belgique. Le modèle belge est alors vécu ‘ironiquement’ comme une seconde Cacanie ‘à la Musil’, un doux Absurdistan qui n’a pas d’identité et est de ce fait préférable en ces temps d”identités meurtrières’. Ces postmodernes veulent appartenir à quelque chose, mais pas totalement. … Ces dépaysés ont besoin d’un décor réconfortant, d’un alibi nostalgique. Une Begique légèrement anarchiste et tolérante fait parfaitement l’affaire….”

aus: Luc Devoldere: ‘Ik ben van Luxembourg’ In: Ah! 12, Mai 2011, S.117.

08/13

20/08/2013 (19:56) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Diplocratie

“Sous plus d’un angle, la critique du populisme aujourd’hui est comparable à la critique du socialisme, voici maintenant plus qu’un siècle. … Dans les deux cas, on considérait que la populace était mal informée et induite en erreur par ces chefs de file. Dans les deux cas, on craignait que ces hordes récalcitrantes entrainassent le déclin de la civilisation. Dans les deux cas, on voulait domestiquer ce peuple réfractaire en le ‘moralisant’, comme on disait alors, ou en ‘communiquant mieux’, comme on dit aujourd’hui. …

Dire que la ‘démocratie des diplômés‘, ou la diplocratie pour employer un néologisme, est une forme de despotisme éclairé, est peut-être exagéré. Mais cette diplocratie est au fond un signe avant-coureur de la post-démocratie. … Comme l’écrivait le politicien et philosophe français André Bellon: ‘… alors que, en démocratie, les citoyens jugent les responsables, la post-démocratie permet … aux responsables de juger les citoyens.’ …

Le populisme que nous constatatons aujourd’hui est la seule réaction, bien que souvent imparfaite, du peuple souverain contre la croissance d’une telle post-démocratie. Plutôt que de se hâter de l’injurier ou de l’ignorer, il nous faut prendre au sérieux ce qui en est la base: les frictions sur la diplocratie et le fossé entre les cultures ne sont rien d’autre que la rancune au sujet de l’égalité promise qui ne s’est pas produite. … le populisme est toujours porteur d’une promesse: la volonté des couches peu éduquées d’une participation durable à l’établissement de la démocratie. …

Quant à la nouvelle ligne de faille sociale entre les plus et les moins éduqués, elle vient de naître et nous sommes à peine conscients de l’envergure du problème. … Les individus les plus éduqués sont peu imprégnés de la gravité de la diplocratie et du fossé culturel qui les sépare des moins éduqués d’entre nous.”

aus: David Van Reybrouck: Le populisme en tant que démocratie. In: Ah! 12, Mai 2011, S.67-74. auch auf der Webseite des Autors

08/13

20/08/2013 (19:30) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Libérté et Libération

“Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprimé, c’est a loi qui affranchit.”

Père Lacordaire (1848), zitiert bei: Etienne Vermeersch: Rationailité, éthique et flamingantisme de gauche. In: Ah! 12, Mai 2011, S.38.

08/13

20/08/2013 (18:51) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Gauche

(DE)

“L’engagement politique de ceux, qui ne s’étaient pas installés dans un fauteuil doré de la gauche, mais qui voulaient sauver le monde, migrait des drapeaux rouges vers le mouvement vert. … Derrière l’assurance avec laquelle les représentants de l’orthodoxie brandissent les hérétiques se cache entre autres une peur de déracinement, qui est beaucoup plus grande de leur coté que du coté des dénoncés qui, eux, ont jetés d’autres racines ou qui ont accepté le fait qu’un humain pensant doit accepter la solitude.

Prenons le set d’idées qui, jadis, construisaient le marxisme et en regardons quelques éléments, s’ils font toujours partie de l’orthodoxie protégé ou non:

  • On a laissé tombé comme une patate chaude la revendication de la socialisation des moyens de production, sans laquelle rien de bon devait être possible. …
  • Même si on ne croit plus à la succession inévitable des modes de production, on garde quand même la conception d’une dynamique inhérente des développements …
  • Point de vue du matérialisme dialectique on ne croyait pas à la faculté des idées de pouvoir guider la société. Grâce à la théorie des systèmes, on peut continuer de mépriser tout ce qu’on regardait jadis comme superstructure idéologique de la société bourgeoise.
  • Partialité … Les hommes devaient … exiger la fin de la discrimination du prolétariat. Il n’était point question de stabiliser le système globale, mais il importait, au contraire, de forcer des intérêts particulières. … Aujourd’hui on ne s’engage toujours pas, dans un sens des responsabilités citoyennes, pour protéger la polis, non, on choisit son camp. Mais ce ne sont plus les masses qu’on défend, ceux-là, on les a exclu de sa clientèle. Non, on est aller se chercher des minorités discriminés, pour lesquelles on lutte … femmesétrangers
  • La fidélité aux masses … L’élément éthique du marxisme s’avère trop faible, pour que la sympathie pour les sous-privilèges pourrait subsister le moment qu’eux, ils choisissent des nouveaux drapeaux.
  • Refus du droit … on aspirait un ordre nouveau qui était juste sans garantir des droits subjectifs, antagonistes aux individus. … C’était anti-libéral et contre l’état de droit. Cette approche subsiste dans le communautarisme (et dans le féminisme) …
  • Le meilleur élément du marxisme était l’éthique. Mais il restait caché derrière l’élément philosophique. La philosophie matérialiste ne tolérait pas l’éthique. Le bien n’était pas vu comme une idée à mettre en pratique par les humains, mais prétendu d’être le résultat finale d’un processus initié par la condition matérialiste. … C’était cette question qui engendrait la scission du révisionnisme dans le SPD naissante. …
  • Quelqu’un qui s’abstient de certaines méchancetés, parce qu’il s’identifie ‘de gauche’, semble exprimer par ça une idée diffuse du ‘être de gauche’, mais examiné de plus près, c’est assez spécifique.
  • Même si le marxisme ne postulait jamais le refus de la violence, il y avait [en Allemagne] quand même beaucoup des gauchistes qui voyaient le pacifisme comme lié à leur identité de gauchiste. La dernière grande fête de cette approche se montrait dans les protestations contre la guerre du Golfe, qui provoquait une réaction dure et surprenante dans les propres rangs. …

On voit: Il ne reste de l’identité gauchiste qu’un certain anti-idéalisme, une certaine partialité, mais transférée des masses aux minorités, un peu de méfiance contre l’État de droit libéral et quelques restes non-reliés d’humanisme éthique. Ces éléments hétéroclites sont trop contradictoires entr’eux pour se prêter à la formation d’une orthodoxie; le seul lien qui persiste encore entre certains gauchistes, est purement sociologique et une fonction de la clique qu’ils forment.”

Sibylle Tönnies: Die Gemeinschaft der Heiligen. In: Kursbuch 116 “Verräter” Juni 1994, S.19-24; ma propre traduction imparfaite…

08/93

16/11/2012 (11:28) Schlagworte: FR,Lesebuch ::

Information

“Les geeks d’aujourd’hui sont l’équivalent des humanistes à la Renaissance … Ces derniers furent les premiers à s’être préparés mentalement à la révolution de l’imprimerie. Les geeks sont ceux qui sont les plus disposés à vivre de l’intérieur cette révolution de l’accès à l’information. … Avec l’humanisme, il fallait devenir l’homme le plus complet possible pour exceller dans un monde de plus en plus compliqué. Aujourd’hui, l’injonction, c’est de rester un adolescent. …”

Aurélien Bellanger, La théorie de l’information. Roman, cité dans Le Soir, 29.9.12, p.34.

Abb.: Pavel Filonov: Man in the world, 1925, im Internet.

10/12

05/10/2012 (20:58) Schlagworte: FR,Lesebuch ::
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